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Le film Root Cause diffusé sur Netflix : Combattre les mythes par la réalité scientifique

Posted Mar 30th, 2019 in 2019, Actualités, leadership éclairé

par le Dr Gary Glassman, chef des services dentaires chez dentalcorp, et Ian Watson, DCD, MScD, FRCD(C)


On dit souvent qu’en donnant de l’attention à un sujet controversé, on confirme son existence et on lui donne une histoire et de la crédibilité. La réaction est souvent d’ignorer l’enjeu et de permettre aux déclarations fausses et négligentes de passer pour de la science. Plutôt que se cacher la tête dans le sable, nous préférons clairement enterrer la mauvaise science une fois pour toutes. En fait, si nous privilégions cette approche, c’est dans l’intérêt supérieur des patients.

Lorsque les choses de la vie tournent mal, on est porté à rechercher des raisons et les causes; ça fait partie de la nature humaine. La recherche de réponses représente un effort louable, mais sauter aux conclusions et porter un blâme sans preuve, c’est irresponsable. Lorsque cette situation se produit dans un contexte médical, la transmission de fausses informations aux patients devient une démarche trompeuse et injuste pouvant mener à une chasse aux sorcières.

Vous n’en avez peut-être pas encore entendu parler, mais un nouveau documentaire controversé est diffusé sur Netflix. Le documentaire intitulé « Root Cause » relate l’expérience d’un homme ayant subi un traitement radiculaire (un traitement de canal) et l’histoire de maladies chroniques qu’il prétend avoir développées et qu’il attribue directement au traitement.

Malheureusement, un petit groupe d’opposants considère que les dents qui ont fait l’objet d’un traitement de canal sont la source de tous les maux. Autrement dit, c’est le mal à sa « racine »!

Cette désinformation est propagée en se fondant sur la recherche inexacte menée sur les infections focales par le Dr Weston Price dans les années 1930. Cette recherche prétend que les bactéries emprisonnées dans les tubuli dentinaires poursuivent leur vie après un traitement de canal, ce qui serait à la source de presque tous les types de maladies « dégénératives », y compris les maladies rénales, les maladies cardiaques, le rhumatisme articulaire aigu et la sclérose en plaques. En se fondant sur cette vieille recherche fort imparfaite, on a recommandé aux patients atteints de ces maladies d’évaluer la possibilité de faire extraire toutes leurs dents traitées par endodontie!

Il y a plusieurs éléments de désinformation dans ce film. Par exemple, on y déclare que « 97 % des patientes atteintes d’un cancer du sein avaient subi un traitement de canal du même côté du corps que le cancer qui s’est développé ». J’ai vérifié cette affirmation et je n’ai RIEN trouvé! Pas la plus petite preuve qui vient soutenir cette prétention. En fait, c’est comme affirmer que « 100 % des patients atteints de cancer boivent de l’eau ». La corrélation n’est pas un synonyme de causalité.

Récemment, en 2013, une étude publiée dans une publication de l’Association médicale américaine (JAMA Otolaryngology – Head & Neck Surgery) a révélé que le risque qu’une personne développe un cancer après avoir subi un traitement de canal ne change pas; en fait, ce risque était réduit de 45 % chez les patients qui avaient reçu plusieurs traitements endodontiques.

Autre affirmation du film : les traitements de canal sont la principale cause de crise cardiaque. Une étude menée sur 44 ans – Baltimore Longitudinal Study of Aging, publiée dans l’International Endodontic Journal en 2016 – permet de déterminer si la parodontite apicale, le traitement du canal et la charge endodontique pouvaient être associés, à long terme, à un risque de maladie cardiovasculaire. L’étude suggère plutôt une possible réduction de ce risque lorsqu’un traitement de canal a été réalisé par rapport aux situations où des dents non traitées présentent des lésions apicales – ce résultat vient corroborer que ce sont les abcès, s’ils ne sont pas traités, qui pourraient contribuer à l’augmentation du risque de maladie cardiovasculaire et non les dents qui ont subi un traitement de canal!

L’Association américaine des endodontistes et l’Académie canadienne d’endodontie continuent d’informer leurs membres et le grand public en soulignant qu’il n’existe aucune preuve moderne permettant d’affirmer que les dents traitées par endodontie servent de foyers d’infection. En réalité, ce sont les dents infectées qui ne sont pas traitées qui créent un cloaque et les conséquences qui en découlent.

Un traitement endodontique prévisible et réussi qui utilise des techniques de pointe demeure la meilleure stratégie pour obtenir une conclusion satisfaisante. L’élimination des contaminants et du substrat organique de l’ensemble du système de canaux radiculaires est un impératif biologique incontestable lors d’un traitement endodontique.

La meilleure stratégie pour combattre la désinformation est de fournir aux patients un accès à des renseignements complets et probants sur la sécurité et l’efficacité de l’endodontie et du traitement du canal. En fait, la pratique de l’endodontie repose sur des preuves scientifiques qui ont évolué au fil des décennies. Les histoires anecdotiques qui sont véhiculées dans tous les domaines de la médecine et de la dentisterie ne sont pas assez nombreuses pour modifier les modèles de traitement éprouvés et réels. Les anecdotes peuvent mener à des hypothèses, certes, mais sans preuve scientifique empirique pour les soutenir, elles demeurent « l’histoire d’une seule personne ».

Le site Web de l’Association américaine des endodontistes (www.aae.org) propose des contenus et des ressources actualisés, notamment « Root Canal Safety Talking Points » (Points de discussion sur la sécurité du traitement de canal), « Myths About Root Canals » (Mythes au sujet des traitements de canal) et une vidéo intitulée « Root Canal Safety » (Sécurité du traitement de canal). Ces contenus peuvent être transmis aux patients pour dissiper les mythes et la propagande négative au sujet du traitement de canal.

Selon un récent communiqué de l’Association américaine des endodontistes (AAE) : « L’AAE et l’Association dentaire américaine (ADA) ont consulté un conseiller juridique pour discuter des options pouvant obliger Netflix et certaines autres plateformes en ligne à retirer ce contenu trompeur et préjudiciable. Après consultation, l’AAE a décidé de déposer une plainte officielle auprès des organismes de protection des patients, y compris les conseils d’État et les comités médicaux. En outre, l’AAE collabore avec l’ADA pour sensibiliser Netflix et toutes les plateformes en ligne qui diffusent ce film et les exhorter à le retirer en raison des enjeux de sécurité qu’il soulève pour la population. »

Les traitements endodontiques ont obtenu certains des taux de réussite les plus élevés en dentisterie et ces succès se poursuivront. Ces traitements évitent les pertes de dents inutiles et contribuent à maintenir une dentition saine, fonctionnelle et esthétique.

Un merci tout spécial au Dr Maneesh Sharma, président de l’Académie canadienne d’endodontie, et aux efforts de l’ACE pour élaborer leur exposé de principes sur ce sujet, à Spring Hatfield, HD, pour son aide précieuse, et à l’Association américaine des endodontistes pour sa forte prise de position contre la désinformation préjudiciable. 


Les auteurs

Gary Glassman, DCD, FRCD(C) – Le Dr Glassman est l’auteur de plusieurs articles. Il donne des conférences sur l’endodontie dans le monde entier. Il fait partie du personnel de la faculté de médecine dentaire de l’Université de Toronto, au département d’études supérieures, et il est professeur associé en médecine dentaire et directeur du programme d’endodontie à l’Université de technologie de Kingston, en Jamaïque. Gary est membre du Collège royal des dentistes du Canada et de l’American College of Dentists. Il est en outre rédacteur en chef pour le secteur endodontique du journal spécialisé OralHealth, président du corps professoral du DC Institute et chef des services dentaires chez dentalcorp. Gary Glassman exploite une clinique privée, Endodontic Specialists, à Toronto (Ontario), au Canada. Son site Web personnel et professionnel est le www.drgaryglassman.com et vous trouverez le site Web de sa clinique au www.rootcanals.ca. Vous pouvez lui envoyer un courriel à gary@rootcanals.ca.

Dr Ian Watson est un spécialiste agréé en traitement canal. Il a étudié à l’Université Western Ontario, à la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Toronto et à l’École d’études supérieures en médecine dentaire de l’Université de Boston. Il pratique comme endodontiste à Mississauga, en Ontario, depuis 1981. Il a fait partie du personnel du Département des études supérieures en médecine dentaire de l’Université de Toronto. Il est l’ancien président de l’Académie canadienne de l’endodontie. Il est membre de l’International College of Dentists, de l’Academy of Dentistry International, de l’Académie Pierre Fauchard et du Collège royal des dentistes du Canada.

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