par Elaine Powell, HD, AD, vérificatrice de cliniques dentalcorp; Jaime Robertson, HD, vérificateur de cliniques dentalcorp
Imaginez que vous ou un membre de votre famille ayez reçu un courrier du dentiste indiquant qu’en raison d’un oubli de la part de la clinique, vous deviez passer un test de dépistage de maladies infectieuses, comme le VIH ou l’hépatite C. Maintenant, imaginez que ce courrier provient d’une clinique dont vous avez été propriétaire ou dans laquelle vous avez travaillé.
En juillet 2017, Santé publique Ontario a fermé la première clinique dentaire dans la province suite à une défaillance en matière de prévention et de contrôle des infections (PCI). Les cliniques dentaires n’avaient encore jamais été confrontées à ce genre de vérification, et les organismes de réglementation ont également été pris au dépourvu. L’Ordre royal des chirurgiens dentistes de l’Ontario (ORCDO) et l’Ordre des hygiénistes dentaires de l’Ontario (OHDO) ont été avertis du fait que des professionnels de la santé réglementés ont été impliqués dans la réutilisation d’instruments qui n’ont pas été traités efficacement. Par conséquent, des courriers ont été envoyés aux patients, les informant qu’ils devaient faire l’objet de tests de dépistage de pathogènes hématogènes. Les médias ne cessaient de diffuser des séquences télévisées ou des articles imprimés débattant du risque associé aux consultations en dentisterie, et du stress et de l’angoisse occasionnés aux patients et à leurs familles à cause de ces courriers.
Quel enseignement avons-nous tiré de cet exemple? Ce manquement à respecter les principes de prévention et de contrôle des infections peut engendrer de graves conséquences, entachant la réputation de votre clinique et nuisant à vos finances.
Qui est responsable du traitement des instruments et de la mise en œuvre garantie des normes de prévention et de contrôle des infections?
La réponse, c’est que tout le monde est responsable. Nous devons tous nous en tenir à une norme plus exigeante en matière de gestion des risques. Cela commence par la confirmation du rendez-vous par le personnel administratif et s’étend à la réalisation d’interventions cliniques par le (la) dentiste, l’hygiéniste dentaire et l’assistant(e) dentaire.
De fait, lorsque vous acceptez un poste dans une clinique en tant qu’associé(e) ou dentiste principal(e), vous êtes responsable de la mise à disposition d’instruments correctement stérilisés. Le fait qu’un(e) assistant(e) dentaire ou un(e) hygiéniste dentaire agréé(e) ait été chargé(e) de leur traitement n’a aucune incidence sur la responsabilité finale du dentiste. Même si vous faites confiance à votre personnel, vous devez vous assurer que les instruments qui se retrouvent sur votre plateau sont propres à l’usage. Les dentistes doivent participer activement au programme de PCI de la clinique. Ils doivent comprendre le cycle de vie complet de leurs instruments et veiller à ce que les processus et les mesures de protection adéquats aient été mis en place. Voici quelques questions que vous pourriez poser :
- La clinique a-t-elle réduit son programme de PCI par écrit?
- Quand est-ce que le personnel a obtenu des informations actualisées sur les exigences en matière de PCI pour la dernière fois?
- Traitons-nous les instruments conformément aux normes ou aux directives provinciales?
- Combien d’autoclaves sont disponibles à la clinique et les ensembles d’instruments stérilisés sont-ils étiquetés et consignés?
Si nous appréhendons ce fait du point de vue de la gestion des risques, nous savons que le dentiste sera le premier à s’exposer à des actions en justice. Néanmoins, cette conséquence peut atteindre les hygiénistes dentaires, les assistant(e)s dentaires, les denturologistes et tous les membres du personnel travaillant dans la zone de traitement. Du point de vue de l’employeur, la formation de PCI doit être fournie et consignée afin de s’assurer que tout le personnel de la clinique dentaire bénéficie de la formation normale et connaisse toutes les politiques requises pour respecter les normes et les directives de chaque province.
Le rôle des organismes de réglementation
Les organismes de réglementation passent continuellement en revue les directives de PCI et mettent en place de nouvelles normes de pratique ou de nouvelles directives afin de s’adapter aux changements. Si l’organisme de réglementation choisit d’adopter le document en tant que norme, alors le dépôt d’une plainte peut donner lieu à une mesure disciplinaire.
Un effort collectif
La prévention et le contrôle des infections ne sont plus un processus que seule une personne doit entreprendre. Au contraire, il s’agit d’un effort coordonné de l’équipe de chaque clinique. Cet effort nécessite une excellence communication entre tous les employés de l’établissement. L’adaptation d’un manuel complet de PCI à une clinique peut être une tâche difficile, mais elle doit être accomplie. La pertinence du programme de PCI doit être confirmée et vérifiée par chaque dentiste exerçant au sein de la clinique. Le (la) dentiste principal(e) a une obligation particulière d’inculquer la bonne culture de sécurité et de responsabilisation à tous les membres de l’équipe. L’élaboration, et consécutivement la révision, du manuel de PCI offre aux membres de l’équipe l’occasion de définir leur rôle au sein de la clinique et d’être impliqués dans sa réussite.
Les auteurs
Elaine et Jaime sont des hygiénistes dentaires agréés qui travaillent en étroite collaboration en tant que vérificateurs de cliniques au sein de l’équipe de la conformité de dentalcorp. Ensemble, ils possèdent plus de 60 ans d’expérience en santé buccodentaire dans des fonctions des domaines clinique, réglementaire et pédagogique. Ils sont passionnés par la prévention et le contrôle des infections et aident les cliniques à proposer des soins sécuritaires et efficaces aux patients.