Elaine Powell, HDA, vérificatrice de cliniques dentalcorp; Jaime Robertson, HDA, vérificatrice de cliniques dentalcorp
Le 30 janvier 2020, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré une « urgence de santé publique de portée internationale ». Cette déclaration signifie qu’elle considère l’émergence d’un nouveau coronavirus comme « un événement extraordinaire » qui pose un « risque pour la santé publique... par la propagation internationale de la maladie ». L’annonce troublante de l’OMS est arrivée au cours de la semaine pendant laquelle les premiers cas de coronavirus ont été signalés au Canada.
Si les répercussions sur la santé des Canadiens ont été (jusqu’ici) presque nulles, la crainte de cette maladie s’est manifestée de manière improductive. Le 27 janvier 2020, la CBC a rapporté que « les principaux magasins de fournitures médicales de Winnipeg » avaient « épuisé leurs stocks de masques N95 », bien que le porte-parole provincial du Manitoba ait déclaré qu’il n’était pas clair si « le port du masque était associé à un avantage considérable... en milieu communautaire ». Plus inquiétant encore, le journal Guardian a rapporté que, « près de 9 000 parents du district scolaire de York... ont signé une pétition demandant que les élèves qui se sont rendus en Chine au cours des 17 derniers jours soient empêchés d’aller à l’école ». Un signataire de la pétition a écrit : « Arrêtez la propagation et mettez-vous en quarantaine ou retournez en Chine. »
La peur de l’inconnu est une réalité. En tant que professionnel de la santé, il vous appartient de réagir en connaissance de cause et de fournir des conseils fondés sur des données probantes. Les patients se tournent vers les fournisseurs de soins de santé, comme les dentistes, pour être guidés, informés et rassurés. Les conseils suivants aideront les membres de l’équipe de votre clinique à remplir leurs obligations professionnelles et à veiller à ce que le nouveau coronavirus et la peur qu’il suscite ne mettent pas en danger la santé ou le bien-être de leurs patients.
1.Faites la part des choses.
Malgré l’annonce de l’OMS, Santé publique Ontario a toujours indiqué que le risque pour les Ontariens est considéré comme faible et le Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique a fait écho à ce sentiment en déclarant que le risque pour la Colombie-Britannique demeure faible. À l’exception de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, aucune province ou aucun territoire canadien n’a confirmé un seul cas. En outre, aucun décès dû à un coronavirus n’a été signalé en dehors de la Chine, et la plupart des décès en Chine concernaient des patients atteints d’autres maladies ou de complications de santé. En tant que professionnel de la santé buccodentaire, il est important de ne pas laisser la peur ou la mésinformation l’emporter sur les conseils de santé publique des experts de notre pays.
2. Comprenez ce qu’est le coronavirus et sachez reconnaître ses symptômes.
Le 31 décembre 2019, un groupe de cas de pneumonie a été signalé à Wuhan, en Chine. En fin de compte, le personnel médical a attribué la cause à un virus qui n’avait pas été identifié précédemment chez les humains. Ce virus est maintenant connu sous le nom de nouveau coronavirus 2019 ou 2019-nCoV. Le nouveau coronavirus appartient à une grande famille de virus allant du simple rhume à des maladies plus graves.
Les symptômes du nouveau coronavirus comprennent la fièvre, l’essoufflement, la toux et les difficultés respiratoires. Dans les cas plus graves, habituellement chez les personnes âgées, immunodéficientes ou présentant des comorbidités importantes, on peut observer une pneumonie, un syndrome respiratoire aigu, une insuffisance rénale ou la mort. Cela peut paraître effrayant, mais les virus de la grippe représentent une menace beaucoup plus grave pour la santé de votre personnel et de vos patients.
3. Concentrez-vous sur la prévention des infections et suivez les directives de PCI de votre organisme de réglementation.
Les mêmes pratiques qui préviennent la propagation de la grippe, lesquelles devraient faire partie des opérations standard d’une clinique dentaire, préviennent également la propagation du coronavirus. L’une des meilleures façons de prévenir la transmission d’infections virales (la grippe et le coronavirus) est de pratiquer une hygiène régulière des mains et une étiquette appropriée en cas de toux. Tous les membres de l’équipe de la clinique doivent utiliser un désinfectant pour les mains avant et après les interactions avec les patients ou avec l’équipement dentaire. Le lavage des mains limite également le risque de contracter ou de propager une infection virale. Les cliniques doivent afficher de façon bien visible des affiches sur l’hygiène des mains et l’étiquette en cas de toux comme moyen de rappel au personnel, aux patients et aux invités.
4. Assurez-vous d’utiliser l’équipement de protection individuelle de façon adéquate.
Les professionnels de la santé buccodentaire qui prodiguent des soins aux patients atteints d’une maladie respiratoire doivent savoir comment et quand utiliser des respirateurs et des masques chirurgicaux jetables N95. Les cliniciens et le personnel doivent également savoir comment et quand utiliser des gants stériles. Par conséquent, tous les membres de l’équipe de la clinique doivent comprendre comment mettre et enlever l’EPI pour éviter l’autocontamination accidentelle; par exemple, entre chaque changement de gant et entre tout contact avec les autres, les membres de l’équipe doivent s’abstenir de toucher leur visage, leurs yeux ou leurs lèvres.
5. Dépistage des infections des voies respiratoires supérieures chez les patients et le personnel.
En saison de grippe, les cliniques doivent dépister les signes d’infection respiratoire aiguë. Avec vigilance et préparation, il est possible d’éliminer les expositions éventuelles en reportant le rendez-vous des patients malades jusqu’à ce que leur état de santé s’améliore et, lorsque cela n’est pas possible, en obligeant les personnes qui toussent ou éternuent à porter un masque. Les cliniques devraient profiter des appels de rappel aux patients pour identifier les patients signalant des symptômes semblables à ceux de la grippe et réorganiser les visites non urgentes.
À l’heure actuelle, les cliniques pourraient envisager un dépistage plus détaillé. Le ministère de la Santé de l’Ontario, entre autres, a demandé aux fournisseurs de soins primaires, y compris les dentistes, de soumettre à un test de dépistage les patients présentant de la fièvre, une nouvelle toux ou des difficultés respiratoires, et se trouvant dans l’une des situations suivantes :
- S’étant rendu dans la province du Hubei, en Chine, dans les 14 jours avant l’apparition de la maladie; OU
- Avoir été en contact étroit avec un cas confirmé ou probable de 2019-nCo; OU
- Avoir été en contact étroit avec une personne atteinte d’une maladie respiratoire aiguë qui s’est rendue dans la province du Hubei, en Chine, ou qui en est revenue, dans les 14 jours précédant l’apparition des symptômes.
Si un patient obtient un résultat positif au test de dépistage du coronavirus, l’organisme de réglementation dentaire local ou l’agence de santé publique peut prodiguer des conseils sur les mesures à prendre et la nécessité d’un rapport officiel.
À propos des auteurs
Elaine et Jaime sont des hygiénistes dentaires agréés qui travaillent en étroite collaboration à titre de vérificateurs de cliniques au sein de l’équipe de conformité de dentalcorp. Ensemble, ils comptent plus de 60 ans d’expérience en soins de santé buccodentaire dans les domaines clinique, réglementaire et éducatif. Ils sont passionnés par le contrôle de la prévention des infections et aident les cliniques à fournir des soins sécuritaires et efficaces aux patients.