Julian Perez, vice-président de la gestion du risque et de la conformité chez dentalcorp
Les soins dentaires de routine ou ajournables ont connu un arrêt brusque en mars. Dans tout le pays, nous nous sommes confinés sur place en attendant que la tempête passe. Heureusement, la phase 1 de la pandémie de la COVID-19 est derrière nous. Il est maintenant temps de reprendre le travail, mais la dentisterie a changé. Bien que cette crise ait commencé brusquement, les experts en santé publique nous préviennent qu’il faudra beaucoup de temps avant que nous revenions à nos anciennes habitudes. En tant que membres de la profession dentaire, nous devons nous habituer à la nouvelle réalité.
Que vous résistiez au changement ou que vous l’acceptiez, il est important de tenir compte du contexte actuel. Au plus fort de la crise du sida au Canada en 1995, 1 750 personnes sont décédées. Au cours des quatre pires années de la crise du sida (1991 à 1995), 6 263 personnes sont mortes. En revanche, il a fallu à peine deux mois et demi à la COVID-19 pour dépasser ce chiffre. De nombreuses personnes se demandent si les autorités en matière de santé publique ont réagi de manière excessive face à la COVID‑19. Au lieu de s’engager dans ce débat, les dentistes devraient se concentrer sur la prévention et le contrôle des infections (PCI). Les mesures habituelles de précaution sont très efficaces, mais il ne s’agit pas d’une période normale.
Vous devez prendre des mesures de prévention et contrôle des infections (PCI) avant même que le patient ne se présente à la clinique
Comme la meilleure façon de prévenir la propagation de la COVID-19 est de réduire au minimum les possibilités de transmission, un dépistage efficace des membres du personnel et des patients doit être réalisé à titre de première ligne de défense. Les membres du personnel et les cliniciens doivent régulièrement pratiquer l’autosurveillance pour détecter les symptômes de la COVID-19 et les signaler à leur gestionnaire ou directeur de clinique. Tout membre de l’équipe dentaire qui est malade doit rester à la maison et, en tant que travailleur de la santé, doit se soumettre à un test de dépistage de la COVID‑19.
Vous devriez faire signer par chaque membre de l’équipe dentaire un serment quotidien attestant qu’il est exempt de facteurs de risque et de symptômes de la COVID-19, notamment afin de démontrer la gravité de la situation. Dans les zones où la transmission communautaire est active, les gestionnaires de clinique doivent consigner la température de chaque membre de l’équipe au début et à la fin de chaque quart de travail.
Tous les patients qui doivent se rendre dans une clinique dentaire doivent au préalable se soumettre à un dépistage par téléphone afin de déterminer la nature de leur besoin clinique et si celui-ci peut être pris en charge avec succès au moyen de la télédentisterie. De nombreux organismes de réglementation dentaire ont fourni des conseils sur l’utilisation efficace des soins virtuels pendant la pandémie. Même avec ses limites, la télédentisterie devrait continuer à jouer un rôle important dans le dépistage préalable des patients et la réduction du nombre de visites non essentielles dans les cliniques dentaires, au moins jusqu’à ce que la propagation communautaire de la COVID-19 ne constitue plus une menace pour la santé publique.
Les risques de la COVID-19 ne sont pas statiques et chaque personne est unique
Le dépistage ne peut à lui seul empêcher la transmission présymptomatique ou asymptomatique. Il est donc essentiel de connaître le taux de prévalence de la COVID-19 dans votre région, pour mettre en place un programme de gestion des risques efficace. Les dentistes sont des professionnels de la santé communautaires et, à ce titre, ils ont l’obligation de suivre attentivement les fluctuations du virus. Les dentistes doivent également savoir si leurs patients présentent un risque élevé de conséquences graves de la COVID-19. Lorsque les taux de prévalence sont élevés et que les patients sont plus susceptibles d’être vulnérables à la COVID-19, les dentistes doivent envisager la possibilité de reporter les traitements ajournables. Que les traitements non essentiels soient autorisés ou non, la santé et le bien‑être du patient doivent toujours être la priorité absolue.
L’éloignement social existe en dentisterie
Certains croient que l’éloignement social n’existe pas en dentisterie. Je comprends leur raisonnement, mais ils ne tiennent pas compte de tout ce qui se passe au-delà des soins cliniques dans une clinique dentaire. Dans les salles d’attente, les aires de réception, les salons du personnel et les zones de stérilisation, l’éloignement social est peut-être la mesure la plus efficace contre le virus. Il est très improbable pour un dentiste ou un assistant dentaire agréé de contracter la COVID-19 au contact avec un patient lors des rinçages précédant les procédures ou lors de l’utilisation des digues dentaires, des instruments d’évacuation à haut débit et de l’EPI. Il est peut-être plus probable pour un membre du personnel d’en infecter un autre, surtout s’ils baissent leur garde. Cela dit, de nombreux contrôles administratifs, qui n’ont aucun lien avec les procédures dentaires générant des aérosols, les filtres HEPA ou les masques N95, peuvent réduire la probabilité de transmission. Les options d’éloignement social sont nombreuses en dentisterie. Les réunions du personnel et les réunions matinales peuvent avoir lieu à distance, les heures d’ouverture des cliniques peuvent être prolongées pour limiter le nombre de personnes présentes en clinique et les salles d’attente peuvent devenir virtuelles, pour n’en citer que quelques-unes.
Liste de vérification des mesures de dépistage et d’éloignement social :
- Continuer d’utiliser la télémédecine pour le triage et la prise en charge des patients, le cas échéant, et élargir son utilisation au moyen de nouvelles technologies.
- Faire subir des tests de dépistage de la COVID-19, à distance ainsi qu’à la clinique, aux patients et aux membres de l’équipe.
- Consigner les températures des patients avant le début de toute procédure dentaire.
- La programmation des visites doit être ajustée afin de permettre autant que possible l’éloignement social et de réduire le risque de transmission entre les patients. Le début et la fin des visites des patients doivent être échelonnés
- L’encombrement des salles d’attente des cliniques dentaires doit être réduit autant que possible et les patients doivent être encouragés à attendre dans un endroit sûr à l’extérieur de la clinique jusqu’à ce que la salle d’examen et l’équipe soient prêtes.
- Si possible, les patients (et/ou leur tuteur) doivent s’enregistrer par téléphone avant leur arrivée et attendre dans un endroit sûr à l’extérieur de la clinique jusqu’à ce que la salle d’examen soit prête.
- Diriger le déplacement des patients à l’intérieur de la clinique. Le patient doit :
- être accueilli à la porte d’entrée de la clinique;
- être tenu de se laver les mains et de porter un masque;
- passer directement à sa salle d’examen.
- Toute personne accompagnant un patient doit être tenue de se laver les mains et de porter un masque.
- Dans les cliniques dotées de salles d’examen à aire ouverte, les rendez-vous ne devraient pas être fixés dans des salles d’examen adjacentes.
- Dans la mesure du possible, les rendez-vous futurs devraient être fixés par téléphone.
- Le paiement des droits doit être effectué de manière à minimiser tout risque de contamination.
N’oubliez pas de consulter la page des ressources concernant la COVID-19 de votre ordre professionnel pour obtenir une liste complète des mesures et des normes à adopter. Les étapes énumérées ci-dessus visent à rendre votre clinique plus sécuritaire, mais elles ne sont pas du tout exhaustives.
À propos de l’auteur
Julian Perez est vice-président de la gestion du risque et de la conformité chez dentalcorp. Il est également responsable de l’élaboration, de la mise en œuvre et de la supervision des normes, des programmes et des systèmes de l’entreprise qui visent à promouvoir la prestation de soins optimaux aux patients. Julian possède une solide expérience juridique, car il a travaillé pour un cabinet d’avocats de Wall Street à Manhattan et un programme de responsabilité professionnelle, assurant la défense de plus de 10 000 dentistes accusés de fautes professionnelles. Julian est titulaire d’un baccalauréat de l’Université Yale et d’un doctorat en jurisprudence de la faculté de droit de l’Université Columbia.