Skip to content

Éviter les pièges en matière de faute professionnelle dans le domaine de l’endodontie

Posted Jan 25th, 2023 in 2023, Actualités, leadership éclairé

Gary Glassman, DCD, (F)CRCDC, Chef des services dentaires 


Il y a plusieurs années, j’ai lu un article publié dans un magazine populaire par un patient dénonçant l’endodontiste dont il venait de recevoir un traitement. Après une recherche informatique rapide dans les dossiers de ma patientèle, j’ai été soulagé de constater qu’il ne s’agissait pas de mon patient. Cependant, j’ai relu l’article à plusieurs reprises dans l’espoir de compatir à ses doléances et de faire preuve d’empathie à l’égard de l’endodontiste en question. 

Ce patient qui souffrait d’une douleur non localisée s’est rendu dans la clinique d’un endodontiste un vendredi matin qui précédait une longue fin de semaine. Il ne faisait aucun doute qu’il avait besoin d’un traitement de canal. Cependant, on ne savait pas exactement laquelle des dents devait être traitée. 

Deux options s’offraient au patient : supporter la douleur jusqu’à ce qu’elle soit localisée ou faire traiter la dent qui en constituait la cause la plus probable. Sous l’effet de la douleur et voulant désespérément partir pour une excursion de camping de fin de semaine tant attendue, le patient, n’ayant aucune autre possibilité d’intervention dentaire, a choisi de procéder à un traitement de canal. Quelques jours plus tard, il est retourné voir l’endodontiste, puisque la douleur était toujours aussi intense. L’endodontiste a alors indiqué que la dent voisine de celle qui avait été traitée nécessitait également un traitement de canal. 

Ce scénario n’est pas nouveau pour ceux d’entre nous qui traitent des patientes et des patients qui souffrent de douleurs. La réalité est que, dans la plupart des cas, nous posons des diagnostics précis, nous consultons nos patientes et nos patients de manière informative et attentive, et nous leur renseignons sur toutes les options thérapeutiques à leur disposition. 

Nous obtenons le consentement éclairé de nos patientes et nos patients qui, nous l’espérons, reconnaissent que nous sommes des êtres humains tout comme eux et qu’il nous arrive de commettre des erreurs. Après tout, « l’erreur est humaine, le pardon divin ». Cependant, la société devenant de plus en plus procédurière, certaines personnes cherchent à rejeter la faute sur les autres et à réclamer une compensation financière. 

Lorsqu’on procède à un traitement endodontique (ou toute autre technique chirurgicale), il est essentiel de tenir compte des pièges les plus courants en matière de faute professionnelle et de s’assurer que l’on a pris toutes les précautions nécessaires pour les éviter. 

Dans le cas d’un diagnostic incertain, il est toujours préférable d’opter pour la prudence, même si le patient exige que l’on fasse quelque chose pour le soulager. Défendez votre position et dites-lui qu’avec le temps, il sera possible de poser un diagnostic approprié. Vous pourriez également lui proposer de vous rendre disponible en cas d’urgence ou de lui prescrire des analgésiques pour essayer de soulager sa douleur. Surtout, soyez ferme dans vos convictions et faites-lui comprendre que la dernière chose que vous voulez faire, c’est traiter cette dent qui pourrait ne pas être la source de la douleur. Demandez au patient de réfléchir à ce qu’il ressentirait si l’on traitait plutôt une dent qui n’a pas de problème. Ou comment il se sentirait si l’on retirait le tissu vital d’une dent saine.  

Parfois, le diagnostic à lui seul ne suffit pas. Même lorsque tous les tests sont effectués correctement et que les radiographies appropriées sont prises, assurez-vous de documenter vos résultats afin d’éviter toute poursuite pour faute professionnelle. 

Si vous examinez la section sur les audiences relatives aux mesures disciplinaires ou aux fautes professionnelles de la publication de l’ordre réglementaire, vous constaterez que les personnes sanctionnées n’ont pas tenu les dossiers de manière appropriée. Si vos dossiers sont ncomplets, peu détaillés, inexacts ou défaillants, il est fort possible que l’ordre réglementaire ou le juge ait l’impression que le traitement que vous avez administré était aussi incomplet que les dossiers. 

Supposons maintenant que le diagnostic était correct, que la dent a fait l’objet d’un traitement endodontique et que la documentation était irréprochable. Mais voilà que le patient retourne deux ans plus tard avec des douleurs et une lésion d’origine endodontique autour des apex, alléguant que la faute vous revient et demandant un remboursement de votre part pour ce qu’il considère comme un travail mal fait. 

Après avoir vérifié le traitement de canal, vous constatez qu’il n’y a aucun problème. Tous les dix-sept canaux ont été bien obturés à une distance acceptable des apex, la dent a fait l’objet d’une restauration avec une couronne ajustée avec précision et vous avez des radiographies ou des examens d’imagerie pour le prouver. Allez-vous rembourser au patient l’argent qu’il éclame et lui souhaiter bonne chance? Allez vous proposer de l’envoyer chez un autre endodontiste et de payer pour d’autres évaluations et traitements? Acceptez-vous d’être déchargé de toute responsabilité et renvoyez-vous le patient de votre clinique? Vous pourriez trouver cette rhétorique banale, mais il s’agit de scénarios qui se sont produits avec des patients qui ont demandé mon avis, ainsi que celui de mes collègues. 

La prévention est depuis toujours le meilleur traitement. Avant de commencer un traitement, vous devez toujours informer le patient que la dentisterie n’est pas une science exacte et que tous les traitements ne sont pas toujours couronnés de succès. Si une dent naturelle peut se carier, se fissurer, s’ébrécher ou se dégrader, il en va de même pour une dent restaurée, une couronne ou tout autre appareil. Nous sommes tout simplement des êtres humains qui réalisent des procédures biologiques sur d’autres êtres humains. Il y a de nombreuses années, Brynolf et d’autres chercheurs ont constaté que le véritable succès histologique des dents traitées par endodontie ne montrait une guérison périradiculaire que dans 7 % des cas. C’est incroyable, n’est-ce pas? La façon dont vous prenez en charge chaque patient est unique, mais il est important de faire preuve de compassion et de compréhension. 

L’utilisation d’une digue dentaire lors d’un traitement endodontique est une norme de pratique. Et pourtant, de nombreuses praticiennes et de nombreux praticiens ne le font toujours pas. La digue dentaire permet non seulement d’isoler le champ de traitement, mais surtout d’éviter l’aspiration ou l’ingestion de ces fines limes et alésoirs. Alors, il convient de réduire les risques, de pratiquer une endodontie sécuritaire et de toujours placer une digue dentaire. 

Malheureusement, les mésaventures liées à la procédure ne manquent pas. Les plus courantes sont les perforations, les canaux qui n’ont pas été désinfectés et les instruments séparés. Est-ce une faute professionnelle si un accident lié à la procédure se produit? Non, mais le fait de ne pas renseigner la patientèle sur les complications et de leurs conséquences potentielles constitue un manquement par rapport aux normes en matière de soins. Il ne sert à rien de vouloir cacher ce fait. Il arrive parfois que des limes se cassent, notamment dans le canal, et souvent sans que cela n’entraîne des effets indésirables. Mais assurez-vous d’en informer votre patient. 

La dentisterie est déjà assez stressante, sans avoir à composer avec le stress supplémentaire que représente le fait de s’écarter de ce qui est considéré comme la norme en matière de soins et de risquer une poursuite pour faute professionnelle. Pensez à aiguiller les cas complexes ou présentant des incertitudes diagnostiques à un endodontiste, puisqu’il est fort probable qu’il ait une compréhension différente de l’anatomie interne des dents et des techniques chirurgicales par rapport aux vôtres. La meilleure façon pour une clinicienne ou un clinicien de gérer les risques est de consulter un spécialiste et de lui aiguiller les cas plus complexes. Cela permet également de renforcer les relations avec vos collègues qui seront là pour vous lorsque vous avez besoin de soutien. 

Article original publié en anglais dans le journal Oral Health. 


À propos de l’auteur 

Jonathan Podwin est un professionnel des TI chevronné avec plus de 17 ans d’expérience dans le domaine des opérations informatiques au sein des secteurs des soins de santé et de détail. Au cours de sa carrière, il a dirigé des équipes de cybersécurité, de gestion des services des TI, de l’infrastructure sur site et en nuage, et de l’administration de réseaux. Jonathan Podwin est le directeur des opérations informatiques chez dentalcorp. 

Send to EN

nous joindre